Tout prétexte est bon quand on veut se débarrasser de quelqu’un ou de quelque chose.
On invente des torts à ceux qu’on veut sanctionner ou éliminer.
Cette expression date du XIIIe siècle sous la forme « qui bon chien veut tuer, la raige li met seure ».
Noyer un gentil toutou est un acte barbare. Pour s’autoriser à le faire sans subir de remontrances, à une époque où les piqûres fatales du vétérinaire n’existaient pas, l’accuser d’avoir la rage pouvait être une excellente excuse (même si c’était totalement injustifié).
Par extension, cette expression s’applique à toute situation où quelqu’un invente des torts, des défauts à quelqu’un ou à une chose dont il veut se débarrasser.
« Quatre semaines durant, cette division fut la fierté du commandement de Berlin. Puis cela changea subitement. […] Toujours est-il qu’à partir de la mi-décembre, le commandant de la place Otto Wels, de sa propre initiative ou sur un signe d’en haut, s’employa manifestement à la dissoudre.
Comme dit un proverbe français, qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. La division de marine populaire fut tout à coup soupçonnée de « spartakisme » et les pillages du Château, auquel précisément elle avait mis fin, lui furent attribués. »
Sebastian Haffner, Rachel Bouyssou – Allemagne, 1918