Tailler une bavette

Signification:
Bavarder

Origine:
Les lecteurs de ces lignes ne sont probablement pas bouchés. Ils sont également très peu à être bouchers. Et pourtant, comment se fait-il que tous sont susceptibles de tailler une bavette, alors que ce sont surtout les bouchers qui taillent de la bavette ?
Peut-être simplement parce qu’il n’y a aucun lien entre la pièce de boucherie et la bavette qui nous intéresse cette fois !

Cette expression date de la deuxième moitié du XVIIe siècle. Elle est issue d’un mélange entre deux choses.

Aux XVe et XVIe siècle, le mot ‘bave’, d’où vient ‘bavette’, désigne d’abord le babil des petits enfants avant de s’étendre au bavardage des adultes. Ce n’est que plus tard, que l’autre sens, celui de ‘salive’, pourtant également connu à l’époque, viendra supplanter complètement celui de paroles, souvent futiles. Cependant les deux sens étaient bien liés, puisqu’il arrive fréquemment à celui qui parle, parfois à tort et à travers, d’asperger de gouttes de salive son heureux interlocuteur.

Parallèlement, depuis le XIIIe siècle, on disait « tailler bien la parole à quelqu’un » pour dire « parler à quelqu’un avec éloquence », comme si une parole éloquente était une parole ‘taillée’, sculptée avec art.

C’est de ces deux choses qu’est née « tailler des bavettes », expression plutôt péjorative, probablement avec une certaine ironie, puisque cette fois, la ‘taille’ servait à débiter des futilités, à ‘caqueter’, activité nécessitant certainement beaucoup moins de savoir-faire que la vraie ‘taille’ d’une belle parole.
Furetière indique d’ailleurs que « les femmes vont tailler des bavettes, bassement, quand elles s’assemblent pour caqueter ».

C’est ensuite au début du XIXe siècle que du pluriel, on passe au singulier (Vidocq utilise tailler une bavette en 1828) et que, progressivement, le sens péjoratif s’atténue.

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