Sucer jusqu’à l’os


[ SIGNIFICATION ]
Ruiner complètement.
Tirer un maximum de choses de quelqu’un ou quelque chose.

[ ORIGINE ]
Imaginez un gros alien muni d’une trompe suceuse à la manière d’une très grosse mouche qui, une fois qu’il vous l’a collée dessus, vous aspire entièrement la chair en quelques secondes jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les os : on peut dire qu’il vous aura laissé vraiment démuni de tout, vie y compris, en vous suçant jusqu’à l’os.

C’est depuis le début du XVIIe siècle que « jusqu’à l’os » signifie « à fond, complètement ». L’image est compréhensible : lorsque, comme l’alien suce-cité, vous rongez une cuisse de poulet jusqu’à l’os, vous n’en laissez vraiment plus rien de consommable, vous la mangez complètement.

Quant à ‘sucer’, qu’il faut prendre ici au sens d’aspirer, c’est simplement une autre image qui, cette fois, touche le portefeuille. Bien que, sauf manie très particulière, on suce rarement des billets et des pièces de monnaie[1], on peut imaginer que celui qui vous vidait votre bourse en suçait, en aspirait le contenu, un peu comme la langue du tamanoir [2] le fait avec les fourmis.

Le premier sens de l’expression (également avec les verbes manger ou ronger) date aussi du XVIIe siècle.
Le second sens est plus récent ; il couvre aussi le fait d’exploiter quelqu’un ou quelque chose au maximum (comme un Romain autrefois avec un esclave, par exemple, ou, aujourd’hui, les hommes avec les ressources de la planète).

[1] Même si les Anglais sont très habiles dans le suce-pence.
[2] À notre époque où le « politiquement correct » outrancier devient la règle, où un chat doit être appelé un « félin de compagnie », et afin de ne pas être taxé de raciste par quelques esprits mal tournés, peut-être aurais-je du écrire ‘tamadecouleur’ ?

[ EXEMPLE ]
« Si son homme était mort sans recevoir de véritables soins, c’était bien à cause de ce pique-assiette qui l’avait sucé jusqu’à l’os, l’embrigadant dans des histoires de tradition et de titres honorifiques qui coûtèrent au pauvre retraité non seulement ses maigres économies, mais aussi sa pension et même les quelques miettes que sa femme avait pu mettre de côté en rognant sur l’argent de la ration. »
Richard M. Keuko – Une vie pour rien

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